Pères fondateurs de la 2CV ; Boulanger, Bertoni et Lefebvre

Qui a inventé la 2CV ? Qui est son principal créateur ?

Pierre-Jules Boulanger, PDG de Citroën

Entré chez Michelin en 1919 et nommé à la tête de la firme aux chevrons en 1937, Pierre Boulanger a porté le projet de la 2 CV pendant plus de 10 ans jusqu’à sa mort en 1950 au volant d’une Traction AV 15, sur la nationale 9. Digne successeur d’André Citroën, il a su marquer l’entreprise de son empreinte, où dès son arrivée son action et ses méthodes se révèlent très efficaces. A sa prise de poste, il engagea une politique d’austérité, avec restriction budgétaire et licenciements, qui porta ses fruits.

Il fut à l’origine du cahier des charges de la 2 CV, lorsqu’en 1935, il demanda à ses ingénieurs de se pencher sur le projet d’une voiture populaire. Cela allait à l’époque totalement à l’encontre de ce que faisait Citroën, avec des habitudes de recherches plus poussées techniquement.

Les premiers essais ne s’avèrent pas concluants. Chaque fois qu’un prototype de la future 2CV est modifié, il l’essaye lui même pour valider ou pas les changements. Il roulera ainsi des milliers de kms à bord de prototypes, comme conducteur ou passager. Il a fait installer un centre d’essais à la Ferté Vidame, avec dos d’âne et passages à niveaux. Les ingénieurs qu’il emmène avec lui redoutent la « balade ». Chaque sensation ressentie par le patron peut les amener à revoir leur copie. Il démontait régulièrement les ailes, le capot, les portes, afin de vérifier s’il est facile d’entretenir la Toute Petite Voiture. Il demande à ce qu’on équipe la 2CV d’un démarreur électrique car il estime que le démarreur mécanique à main ne pourra pas être utilisé par tout le monde. Il s’assure que le conducteur peut s’installer sur le siège conducteur sans avoir besoin de retirer son chapeau, ou encore il définit lui même l’élasticité et l’amplitude d’enfoncement des anneaux de caoutchouc des banquettes. Patron hors normes vous avez dit ?

Alors que quatre ans plus tard la TPV semble prête, les projets de présentation tombent à l’eau avec l’arrivée de la guerre. Pierre Jules Boulanger ordonne la destruction de tous les prototypes (environ 250) et refusera de fournir les plans aux allemands.

Un ingénieur, Henri Loridont, se refuse à gâcher ces années de travail et en conserve un exemplaire, modèle de pré-série, démonté et rangé dans des caisses… En 1994, trois autres modèles sont retrouvés dans des greniers de la Ferté, on ignore encore par quel miracle ! PJB, intimement persuadé de la défaite nazie, il relance le projet en 1941. Ses collaborateurs et tous ceux qui l’ont côtoyé reconnaissent unanimement l’ampleur de ses qualités humaines et la puissance de sa volonté.
En 1948, soit deux ans avant sa mort, il va connaître le bonheur de présenter son modèle au salon de l’automobile, avec toute sorte de réactions, mais le carnet de réservation parlera de lui-même avec une avalanche de pré-commandes.

2cv pierre jules boulanger

Flaminio Bertoni, l’artiste

Flaminio Bertoni, surnommé entre autre « Le Sculpteur de Citroën », ou encore « Le Génie de Citroën », est né en 1903 à Masnago au nord de Milan. En 1923, il est repéré par une délégation française dans l’usine où il travaille, Macchi. Son habileté exemplaire l’aidera à se faire connaître et il se fait offrir un voyage d’études en France. Il finira par travailler à la Sical (Société Industrielle de carrosserie de Levallois Perret) qui fournissait Citroën.  Pendant 30 ans, de 1932 à 1964, il faconnera, dessinera et imaginera l’image des véhicules de la marque française.
A Javel, il est nommé à la direction du bureau d’études.

Lorsqu’il arrive, il se met directement à travailler sur la Traction. Les premiers dessins présentés à André Citroën ont tous été rejetés, jusqu’à la proposition de Flaminio Bertoni, qui va même jusqu’à la sculpter avec de la pâte à modeler !

En 1937, il n’est pas concerné par le plan drastique de restructuration mis en place par Pierre Jules Boulanger à son arrivée et est donc solicité pour travailler sur le projet TPV. Comme Mr Boulanger, il continuera à travailler sur le projet 2 CV pendant la guerre, et verra comme un aboutissement sa présentation au salon de l’auto de 1948 !

Par la suite, il continue son oeuvre artistique chez Citroën avec la DS, grâce à laquelle Citroën recevra le prix d’honneur à la Triennale d’art et d’esthétique de Milan. Il fut aussi promu Chevalier des arts et des lettres par André Malraux.

A ce moment là, la gamme du constructeur français est alors composée exclusivement de créations de Flaminio Bertoni.

Flaminio Bertoni 2cv

André Levebvre

Né à Louvres-en-Parisis, le 19 août 1894, André Lefebvre a fait ses études à Nantes et entre en 1911 à l’école supérieure d’aéronautique dans le quartier de Montmartre à Paris.
Il commence à travailler chez Gabriel Voisin et construit des avions militaires. Il invente le premier train d’atterrissage quadricycle muni d’amortisseurs et de freins. En 1919, il emploiera les techniques de l’aviation pour l’automobile. Après la première guerre mondiale, l’entreprise Voisin passe à la construction des automobiles.
André Lefebvre devient pilote des automobiles Voisin et gagne le grand prix de Tours en 1924. De son passage dans l’aéronautique, chez André Voisin, il retiendra aussi le dépouillement des tableaux de bord des premiers avions : le volant et le levier de la vitesse de la 2CV s’en inspireront ainsi que la capote, les sièges et la carrosserie en duralumin.

En mai 1931, il entre chez Renault en tant qu’adjoint du chef du bureau d’études, Serre. Il a été engagé par André Citroën en 1933. Après la mort d’André Citroën, il continua à travailler pour les automobiles Citroën. La 2CV, voiture spartiate, est une vraie faucheuse de marguerites. Le premier prototype avec son phare unique a vraiment une sale gueule et il peine à tenir la route. La voiture définitive dessinée par André Lefebvre dispose de tout ce que le bureau d’étude a pu inventer pour simplifier et alléger la voiture. C’est ingénieux, intelligent et laid. Mais elle connaîtra bel et bien le succès qu’on lui connaît.

N’oublions pas de citer Marcel Chinon, Maurice Sainturat, Jean Muratet, Alphonse Forceau, Roger Prud’homme et Pierre Franchiset, ingénieurs et techniciens qui faisaient aussi partie de l’équipe !

 

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