Dernière des 2CV commercialisées dans le cadre d’une série spéciale sur le marché français, la 2CV Cocorico est imaginée en prévision de la coupe du monde de Football.
Il fallait être gonflé pour commercialiser une voiture décorée en bleu-blanc-rouge en 1986. Exacerber la fibre patriotique au prétexte que nos footballeurs avaient fait une belle coupe du monde, c’était risqué. Renault n’aurait jamais fait ça, Peugeot n’y aurait même pas pensé. Citroën n’a pas hésité. La 2CV Cocorico est dessinée par Serge Gevin au mois de janvier 1986, en prévision de la coupe du monde qui se déroule aux mois de juin et juillet suivants. On croit à la victoire possible. Pour le créateur, « ce serait sympa de sortir une voiture bleu blanc rouge si on gagne » et il convainc Citroën.
Vendue 36 100 Francs, elle reçoit des banquettes garnies de Tep Jean’s, reconnues pour être les moins résistantes de toutes les garnitures de 2CV jamais commercialisées !
Alors que la France accède à la demi finale en éliminant le Brésil après une séance de tirs au but mémorable, l’Allemagne se dresse sur son chemin et la belle aventure s’arrête là. Mais la voiture tricolore plaît tellement à Citroën et Bernard Planche que la décision est prise de la sortir quand même, après l’avoir débarrassée des autocollants représentant des ballons de football, prévus à l’origine… La commercialisation de la série limitée à seulement 1 000 exemplaires en France de la 2CV Cocorico sur base de 2CV 6 Spécial est de teinte principale blanc Meije EWT. La voiture se compose ensuite de deux coloris distincts ; peinture rouge pour les ailes arrières et peinture bleue pour les joues de capot, plus une grande surface adhésive à appliquer aux quatre portières. La pose des bandes autocollantes en usine est une opération délicate. Même sur la Charleston, construite depuis 6 ans, il y a des ratés…
A l’intérieur, pas de sièges séparés, mais une banquette tendue du tissus « Tep Jean », bleu imitant la couleur des célèbres pantalons américains. Il est devenu aujourd’hui introuvable en configuration d’époque. Pour la dotation du tableau de bord, le petit compteur trapézoïdal de la 2CV 6 Spécial est repris à l’identique, avec sa jauge à essence intégrée, monté sur une platine minimaliste au possible. Le volant Quillery deux branches en plastique dur n’a pas le charme des volants moussés monobranches, mais il convenait de tenir les coûts de revient…
Cette série célèbrera donc l’esprit français en général. Le prototype, surpris à la porte des usines de Levallois, porte un « cocorico » vertical sur les portes avant, solution abandonnée lors de la commercialisation. La capote est uniformément de couleur blanche et présente une ouverture intérieure.
Il restait encore des exemplaires à vendre 6 mois après son lancement. Elle n’a donc pas du tout été un succès commercial. La France aurait gagné la coupe du monde, la « Cocorico » aurait été différente et probablement mieux vendue. Malheureusement elle était trop voyante, pas assez distinguée… En terme de publicité, il n’est fait à aucun moment état de football dans les dépliants. On y parle bêtement « d’amour toujours » ou « qu’elle est vraiment top »… La moitié des gens ne savent pas en quel honneur elle est peinte aux couleurs du drapeau français ! Il paraîtrait que certains concessionnaires auraient même « déshabillé » les 2CV Cocorico de leurs stickers de portières pour mieux les vendre. Ainsi préparées, les « anciennes 2CV Cocorico » devenaient simplement des 2CV 6 Spécial mieux équipées.
On ne croise plus beaucoup de 2CV Cocorico et ce sont souvent des répliques. Pour être certains d’être en présence d’un modèle authentique, il existe quelques astuces : au centre de la roue (il faut retirer l’enjoliveur), la mois et l’année sont gravés. L’inscription doit correspondre à septembre ou octobre 1986. Toutes les glaces doivent être marquées St Gobain, présenter un double chevron et le chiffre 6, indiquant l’année 1986. Le pare-brise d’origine doit être en verre feuillé, car ils sont ainsi sur toutes les 2CV depuis Juillet 1983. Toutes les 2CV françaises produites en série limitée et décorée par Serge Gevin possèdent la même particularité : elles sont équipées des enjoliveurs de roues chromés montés sur la Dyane (21.9 cm de diamètre extérieur). L’équipement pneumatique reste évidemment identique à celui des 2CV de cette époque : Michelin X en 125 R 15.