Cette série limitée, pleine de trouvailles originales, a été conçue en partenariat avec la célèbre firme Perrier. Elle était réservée au marché belge et luxembourgeois.
Cette 2CV sera la seule à associer son nom à celui d’une société commerciale : ambassadrice roulante de la France, elle fait la promotion d’une eau minérale jaillissant d’une source proche de Nîmes et qui, dans le registre gastronomique, est aussi une représentante du savoir-vivre à la française. La 2CV série limitée Perrier est aussi la seule pour laquelle un certain nombre d’accessoires exclusifs ont été réalisés et conçus. Et c’est surtout par tous ces petits détails que cette 2CV est intéressante.
C’est en 1986 que l’agence HDM-Dechy (Claudine Mergaerts), en charge du budget Perrier Belgique, imagine un personnage qui rend tout le monde fou : le singe Fhou. Les campagnes de publicités Perrier « Perrier c’est Fhou, Perrier te gek » avec le singe Fhou font alors rage en Belgique. Citroën Belgique veut profiter de cet engouement et prend contact en 1987 avec Perrier Belgique pour relancer la 2CV qui ne se vendait plus très bien. Elle sortira des chaines de production pour la première fois le 12 avril 1988. Plusieurs centaines de 2CV sont prélevées, d’abord à Levallois (modèle 1988) puis, après l’arrêt de la production en France, à l’usine de Mangualde au Portugal (modèle 1989). Ce sont des Blanc Meije, en version Special avec calandre grise, autant dire les plus basiques qui soient. Une fois arrivées en Belgique, les autos seront personnalisées par les services de Citroën BeLux en vue d’une présentation au Salon de Bruxelles de 1988.
La Perrier cache bien son jeu : elle apparaît donc au premier abord sous la forme d’une 2CV 6 Special Blanc Meige comme il est courant d’en croiser. Loin des séries spéciales tapageuses, la déco extérieur de la 2CV Perrier est plutôt discrète. Sa capote est, comme il se doit, gris anthracite et ce qui attire le plus l’attention, ce sont les enjoliveurs de roues. Ils semblent issus d’un supermarché de la pièce auto et pourraient passer pour une faute de goût du propriétaire de la voiture. Ils auraient en fait été choisis grâce (ou à cause) de leur ressemblance lointaine avec une capsule de bouteille, ou un fond de bouteille Perrier…
L’oeil s’attarde ensuite sur la figurine postée sur le capot, un peu en avant de la buse de lave-glace. Elle représente un petit gorille vert foncé qui semble frapper le capot avec une sorte de gourdin. La ligne sur le capot est fine du côté du singe et s’élargit en allant vers la calandre. C’est un film transparent sérigraphié, et pas du plastique vert découpé.
Dans le prolongement de la figurine, une ligne du même vert parcourt en zigzag la nervure médiane du capot jusqu’au dessus de la calandre. Celle-ci est grise et monobloc, comme pour toute 2CV 6 Special. Dernier indice extérieur : la malle arbore sur le côté gauche, au dessus du monogramme qui désigne le modèle, un sticker Perrier surmonté d’un double chevron.
C’est à l’intérieur que la Perrier se révèle. Bien qu’élaborée sur la base de la 2CV 6 Special, à la finition basique par rapport aux Club et Charleston, la Perrier a droit à des garnitures de portes en tissu – un raffinement qu’on n’avait plus vu sur les 2CV depuis les années 1950 ! Et ce tissu est exclusif : en filigrane, il a pour motif le singe Fhou, celui dont la figurine trône sur le capot.
Les banquettes sont celles de la Special : le rembourrage est succinct et la sellerie en tep jeans (à la place du Skaï noir des 2CV de 1988). Si elle ne suscite ni enthousiasme ni rejet, elle présente l’avantage de ne pas trop mal vieillir. Le volant à deux branches a une jante fine, sans garnissage en mousse mais son cache moyeu reprend l’inscription « Perrier » associée au double chevron.
C’est une pièce évidemment rare, tout comme la boule du levier de vitesse : celle ci est laquée en vert (c’est la seule version à avoir reçu une couleur) et fabriquée en une seule pièce contrairement à la boule standard des 2 CV contemporaines.
Le clou du spectacle, c’est la glacière qui prend place entre le conducteur et le passager avant. Cet équipement a été conçu exclusivement pour cette voiture, sa forme épouse l’angle entre le plancher et le plancher pédales tandis que le dessus forme une sorte de console centrale dans le prolongement de la tablette vide-poches. Cette glacière, commandée par un interrupteur latéral, contient jusqu’à 6 bouteilles de 20cl, et des empreintes moulées sur son couvercle permettent d’en poser 4, une par passager. Seuls le volant et la boule de levier de vitesse distinguent la planche de bord de la Perrier de celle d’une 2CV Special contemporaine. Dans l’habitacle étroit de la 2CV, la glacière occupe beaucoup de place et empiète sur l’espace dévolu aux pieds du passager avant. Les faux cordages qui, d’origine, entourent la glacière, sont manquants sur beaucoup de 2CV Perrier.
Cette série spéciale sera produite à 1000 exemplaires (même si l’on entend aussi que ce chiffre prévisionnel n’aurait pas été atteint par Citroën Belux). Pour l’anecdote, le singe « Fhou » présent sur le capot de la 2CV Perrier aurait posé des problèmes d’homologation à cause du danger que représentait cette excroissance. Si les belges sont reconnus pour leur sens de l’humour cette plaisanterie n’a pas été du goût de tous les clients, ce qui a obligé le constructeur à rédiger une note, en Avril 1988, précisant aux concessionnaires qu’il était possible sur demande de livrer la variante sans le décor de capot. Certains exemplaires auraient donc été livrés sans que la bande adhésive ni la mascotte de capot n’aient été installés (quand même fourni à part, dans le véhicule), laissant aux acheteurs le choix de les poser eux-mêmes, parfois à l’envers (la partie fine côté calandre). Ceci aurait eu comme conséquence que des 2CV Perrier auraient été immobilisées sur un parking non couvert pendant plusieurs mois. Ce n’est évidemment pas une situation idéale vu le climat en Belgique et ceci expliquerait, en partie, pourquoi l’avant des planchers serait pratiquement pourri (ou déjà remplacé) sur les quelques 2CV Perrier survivantes.
Les accessoires de la 2CV Perrier sont :
- Le singe sur le capot (à 17 cm du gicleur)
- L’autocollant central du capot symbolisant une déchirure
- L’autocollant « Perrier » sur le coffre, en guise de monogramme Série Spéciale
- La boule verte du changement de vitesse (en une seule pièce contrairement aux autres)
- Le logo « Perrier » au centre du volant
- Le frigo intérieur sur le plancher, en dessous du levier de vitesse
- Les 4 panneaux de porte avec la représentation du singe
- Les 4 enjoliveurs (avec logo Perrier pressé dans le plastique brut)
Cette série spéciale, emportant avec elle un attirail on ne peut plus improbable, apparaît comme un « bricolage » de constructeur, un objet totalement atypique, définitivement curieux, rafraîchissant et pétillant à la fois.
Bonjour je possède une 2cv perrier et je voulais savoir combien reste encore en circulation merci
En réponse à Jean Jacques; la mienne déjà plus une en « mauvais état » mais tournante et roulante (sauf pour le contrôle technique….
Bonjour j’en possède une de 1989, que je suis occupé de restaurer, elle est de 1989, donc une portugaise.
Malheureusement je ne possède plus ni le frigo ni les enjoliveurs, perdus au cours de demenagements…
Une idée de ou je pourrais en retrouver ? Il y en a eu au moins 1000 en circulation. Au cas ou… prevenez moi
Stéphane
j en ai une aussi en tres bon état 55000 km et pareil pas d enjoliveur et pas de glacière.Hervé 62.
Bonjour,
Depuis de nombreuses années j’ai un petit faible pour cette série spéciale. En 1997 j’ai acheté, à 17 ans, ma première Perrier. J’en ai eu 5 au total. La voiture sue la première photo de cet article est d’ailleurs une de mes Perrier! 🙂 Il y a pas mal de ‘légendes urbaines’ qui circulent au sujet de cette série spéciale. Notamment l’histoire du problème d’homologation et du bloccage des voitures sur un parking, ce n’est absolument pas correct. La Perrier n’a d’ailleurs jamais été produite en série. Elles arrivaient en Belgique en tant que simples 2CV 6 Spécial et celles-ci étaient habillées des équipements Perrier par Citroën Belux au fur et à mesure des ventes de ce modèle. Il est vrai que Citroën Belux a annoncé une série de 1000 exemplaires, mais il n’est pas certain que ce nombre ait été atteint. Les premiers mois de 1988, après la présentation au Salon de Bruxelles le modèle s’est relativement bien vendu, mais après les ventes ont ralenti. J’ai possédé une Perrier qui avait été vendue neuve en septembre 1989. Je pense que cela démontre que l’on n’avait pas encore écoulé le stock d’accessoires pour cette série et que donc on la gardait au catalogue…
Gaëtan
Bonjour Gaëtan,
Je possède également une Perrier. Penses-tu qu’il soit encore possible de trouver des accessoires?