Les suspensions de la 2CV

Les suspensions : douze ressorts, une souplesse inégalée et une véritable prouesse technique pour l’époque

La 2CV A de présérie en 1939 avait déjà fait l’objet d’une étude très poussée en matière de suspension. Très sophistiquée et très coûteuse, cette suspension faisait appel à huit barres de torsion, contre seulement 4 sur une traction avant, et sur le train avant à deux anticabreurs hydrauliques actionnés par la pédale de frein. Ces dispositifs étaient en fait destinés à bloquer la suspension avant lors des freinages, afin de conserver l’assiette horizontale de la voiture. Trop coûteux, ce système ne pouvait correspondre à la philosophie de la petite voiture. A l’après-guerre, les ingénieurs reprirent leurs planches à dessin pour concevoir le système à interaction que nous connaissons tous aujourd’hui.

Au salon d’Octobre 1948 lorsque la 2CV est présentée pour la première fois, on se rend vite compte que la nouvelle petite Citroën est dotée d’une suspension à grand débattement exceptionnellement souple. Certains en jouent, en y mettant tout le poids de leur corps sur le pare-choc, allant même jusqu’à en abîmer les fixations !

Citroën entretenant le mystère, les seuls renseignements disponibles sont ceux rapportés par les visiteurs du salon qui se sont penchés sous la voiture. Mais ils sont souvent totalement farfelus.

Il faudra donc attendre le dernier trimestre de l’année 1949 et la mise en circulation des premiers exemplaires de 2CV A pour que les mystères soient enfin dévoilés officiellement.
Le dispositif est donc composé de quatre bras chacun relié à un ressort horizontal par l’intermédiaire d’un tirant. Ce ressort est logé dans un cylindre couché le long du châssis, appelé le « pot ». Il existe deux pots de suspension : un à droite et un à gauche. Les quatre bras de roues bougent totalement indépendamment les uns des autres.

suspensions 2cv

Chacun accueille deux ressorts, l’un est relié à une roue avant et l’autre à la roue arrière du même côté. Ces pots ne sont pas solidaires du châssis. Chacun est monté sur deux ressorts, ce qui leur permet de bouger horizontalement, d’avant en arrière et inversement en fonction du travail des bras de suspension. Ainsi quand une roue se soulève, son ressort reçoit une contre-poussée du ressort opposé qui inverse la tendance et cherche à plaquer la roue au sol. C’est le secret de la fameuse tenue de route de la 2CV.

Cette solution permet d’assurer une liaison souple entre la roue avant et la roue arrière d’un même côté.

Mais l’audace des ingénieurs ne s’arrête pas là. A l’extrémité de chaque bras de suspension, au niveau de la roue se trouve un cylindre vertical qui contient une masse cylindrique reposant sur un ressort et baignant dans l’huile. Cette invention géniale a été imaginée par l’ingénieur Léon Renault (aucun lien avec l’entreprise automobile) et constitue l’un des secrets de la suspension de la 2CV.

 

Ce dispositif, appelé batteur permet à la 2CV d’accuser les irrégularités du sol qui provoquent des chocs dans les roues, transmis à la masse enfermée dans le cylindre qui se soulève tandis que la roue reste collée à la route. A l’instar de toute suspension, celle de la 2CV est équipée d’amortisseurs. Les amortisseurs à friction et le système de suspension restera inchangé jusqu’en décembre 1954. La sensationnelle suspension permettait de transporter les objets les plus divers.

Les nouvelles 2CV AZ et 2CV AZU, équipées du moteur de 425cm3 adoptent quant à elles une nouvelle suspension dont les ressorts travaillent sur la traction et non sur la compression. Cette suspension, dont les ressorts plus petits ne sont plus enfermés dans les pots en tôle est baptisée suspension à ressort apparents. Même si son fonctionnement reste perfectible, elle offrait l’avantage d’être beaucoup moins coûteuse. Sur la 2CV AZU verra le jour un nouveau dispositif en Juin 1955 après quelques problèmes avec l’ancien système. Ces nouvelles suspensions reprennent le principe des premières, avec un petit changement : les ressorts antigalops, destinés à limiter le déplacement horizontal des pots de suspensions sont remplacés par des butées en caoutchouc. Enfin, au terme de diverses tergiversations, la petite Citroën semble avoir trouvé son système de suspension si particulier.

Lorsque l’Ami 6, plus lourde et plus puissante sort, il faut adapter le système de suspension de la 2CV à cette dernière. Le remplacement des quatre frotteurs par de vrais amortisseurs hydrauliques télescopiques viendra aussi équiper les 2CV à partir de 1965 par étapes. La 2CV reste ainsi équipée d’une suspension mixte, amortisseurs à friction à l’avant et hydrauliques à l’arrière pendant 10 ans. Au mois de septembre 1975 les frotteurs avant seront à leur tour remplacés. Quant aux batteurs, ils ont atteint les limites de leur efficacité du au fait de l’amélioration des performances de la 2CV, ils seront supprimés définitivement en ce même mois de septembre 1975.

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