Le 2 septembre 1939, un prototype TPV semble fin prêt à être montré au grand public, la sortie officielle étant prévue pour le mois d’octobre au Salon de l’auto. Mais quelques jours plus tard, la guerre est déclarée… et le salon n’aura pas lieu.
En 1934, le constructeur du quai de Javel tombe en faillite. Mais avec l’arrivée de Pierre Jules Boulanger, la firme française se relance et travaille sur l’étude d’une petite voiture populaire rustique au concept totalement novateur. Trois ans plus tard, la 2CV A « Prototype » 1939 entre en production.
Il s’agit d’une voiture construite en série, dont la fabrication fut interrompue à cause de la 2nde guerre mondiale. Il s’agissait d’un curieux prototype dont la tôle du capot était ondulée et sur lequel un seul phare avait été conçu. Sous le capot, un moteur bicylindre à plat de 375 cm3 l’équipait. Mais ce dernier était refroidit à l’eau, contrairement à ceux qui équiperont les futures 2CV A produites dès 1949. Par ailleurs, il dispose d’une boîte de vitesse à trois rapports au lieu de quatre. Afin d’optimiser le refroidissement, une tôle galbée située sous la calandre canalisait l’air vers le radiateur.
Les 4 roues du modèle se verront équipées d’un dispositif de freinage particulier tant la voiture était légère. Le frein au pied n’agissait que sur les roues avants par l’intermédiaire d’un circuit hydraulique. Le frein à main agissait uniquement sur les roues arrières grâce à des câbles. Pour les banquettes, les matériaux utilisés pour les 2CV de 1949 seront plus élaborés, utilisant une armature tubulaire et des anneaux de caoutchouc afin d’obtenir un confort parfait pour l’époque. Pour le prototype, seul un dossier suspendu type hamac était proposé.
Pourquoi un seul phare ? La 2CV A ne possédait qu’un seul devant le conducteur puisque le code de la route n’en exige pas plus pour cette catégorie de voitures. Son tableau de bord ne comporte qu’un interrupteur de contact, une tirette de démarreur et un ampèremètre.
Fin Août 1939, une première 2CV 1939 fût construite et l’homologation aux mines le 28 Août de cette même année font de cette 2CV une 2CV A de 1939 produite en série. Les usines de Levallois avaient déjà mis en place les premiers éléments de fabrication à la chaîne, pour assembler des 2CV réservées dans un premier temps aux employés de Citroën et Michelin.
Tout s’organise ; la fabrication des poids lourds est transférée à Javel, le magasin des pièces de rechange à Levallois Rothschild, l’usine de Levallois-Michelet est donc prête pour la sortie de la TPV à la cadence de 50 par jour. La fabrication commençait…
Mais la seconde guerre viendra marquer l’arrêt de la production. La chaîne de montage est réquisitionnée pour du matériel militaire et les TPV en construction sont laissés à Levallois mais Pierre Jules Boulanger ne veut surtout pas que son idée soit reprise par l’occupant. Pendant la longue période de guerre, PJB travaille dans l’ombre à son projet et la TPV continue son évolution.
Les Allemands veulent en savoir plus sur son projet, mais il refuse toutes propositions. Il envoie des véhicules pour des essais chez Michelin à Clermont Ferrand en août 1939, et à la Ferté Vidame en Eure et Loir, dans un centre d’essai que la marque avait acheté un an plus tôt. Ils resteront sur place, entreposés dans un grenier pendant des années, loin des regards.
Si vous voulez découvrir l’histoire des 2CV de 1939 retrouvées dans le grenier de la Ferté, tous les détails sur cette page. Les autres 2CV A de 1939 seront toutes détruites à la fin de la guerre. En effet, au moment où l’on a eu la certitude de modifier profondément le modèle, les premiers prototypes furent détruits. Au moment du lancement de la 2CV de 1948, la 2CV n’a rien à voir avec la TPV de 1939!
Une fois la guerre terminée, la 2CV pouvait sortir.
La guerre est finie. Le pays entre en pleine reconstruction et en pleine période de pénurie. Les usines ne peuvent acquérir de matières premières à leur guise. Des quotas sont attribués aux différents constructeurs. La priorité est accordée à la nouvelle régie Renault et à sa petite 4CV, concurrente de la 2CV. Ce contre temps permet cependant d’affiner la 2CV et de poursuivre les essais dans le plus grand secret.
Présentée pour la première fois au grand public au Salon de l’automobile de Paris, le 7 octobre 1948, la Citroën 2CV s’inscrit dans l’histoire de l’automobile française et européenne comme une voiture à part. Au Salon, c’est la stupéfaction générale, pour une fois tous les spécialistes du monde automobile et le public sont unanimes : « on n’a jamais rien vu d’aussi laid ». Bien que les avis soient partagés, seul un journaliste suisse lui prédit vraiment un très grand avenir.