La 2CV dite « à deux têtes », construite à l’unité à la demande des pompiers du Var, fut un précieux auxiliaire des Sapeurs-Pompiers de Cogolin pendant plus de dix ans.
Ce véhicule a été imaginé par l’Inspecteur Départemental du SDIS du Var, le colonel Hourcastagné, qui, au cours d’une reconnaissance de nuit faite à l’époque avec une 15 CV Citroën, se retrouva bloqué dans un chemin de montagne. Ne pouvant faire demi-tour, il lui fallut rebrousser chemin en marche arrière pendant plusieurs kilomètres… guidé seulement par un sapeur pompier une lampe électrique à la main.
En relation avec Citroën, le colonel Hourcastagné et M d’Espinassy de Venel, président de l’union des forestiers, passent commande, grâce au soutien financier du conseil général du Var, de deux 2CV dans le but de réaliser une seule voiture. Les travaux sont confiés aux établissements Ansart & Teisseire à Ivry-sur-Seine. Les ouvriers ont découpé en deux les deux 2CV. Ils ont jeté les arrières et soudé les avants.
Les deux parties sont indépendantes, avec chacune un moteur. Les quatre roues sont motrices et directionnelles. En position de route, les roues « arrières » sont maintenues en position droite grâce à un carré monté sur la colonne de direction. En tous terrains et dans les passages difficiles, ce véhicule peut bénéficier, du fait des deux moteurs, d’une première et d’une marche arrière bien que les deux moteurs ne tournent pas au même régime. Pas d’équipement PO pour cette 2CV de surveillance des incendies mais simplement des pare-chocs traditionnels peints en rouge. Il y a deux clignotants de chaque côté car il y a deux faisceaux électriques complètement distincts. En réalité il s’agit de deux voitures complètement distinctes uniquement reliées par leurs arrières.
Selon l’époque, les 2CV étaient équipées des numéros 60 ou 64 sur ses deux capots, ou de rien du tout. Elles pouvaient ainsi être facilement identifiées depuis un hélicoptère. La voiture d’origine est équipée de pneus Michelin pilote. Pour la seule et unique roue de secours, un support a été installé sous un des deux capots.
La 2CV bicéphale des sapeurs-pompiers du Var a été livrée en 1961, à Draguignan dans un premier temps. Elle ne rejoindra la caserne de Cogolin qu’un peu plus tard. Une analyse rapide de la moindre photo d’époque confirme qu’elle ne peut dater du milieu des années 1950 : on voit clairement des baguettes sur le capot, les portes et les bas de caisse. Cela signifie que les 2CV utilisées à la base étaient donc des modèles AZL ou AZLP.
C’est certainement au cours de l’année 1962 que la voiture est arrivée à Cogolin. Elle arbore désormais sur ses flancs l’inscription sapeurs-pompiers Cogolin. À partir de là, elle poursuit sa carrière jusqu’en 1969.
Un empattement trop long et un plancher trop bas la rendaient peu maniable en tous terrains et surtout en montagne. De plus, la forme très particulière de cet engin jetait un certain trouble parmi les automobilistes qui se trouvaient doublés par celui-ci sur la route. Toutes ces raisons, ainsi que l’apparition de matériel plus moderne firent que cette 2CV fut retirée du service au début des années 1970.
En 1971 elle est revendue par les domaines à un habitant du Var qui l’a remisée dans sa grange. Aujourd’hui elle est devenu une légende, un mythe. La 2 CV serait démontée, en très mauvais état et surtout très incomplète. Son propriétaire ne souhaite pas se faire connaître.
Dans cette formidable vidéo de l’Ina, on voit la fameuse 2CV bicéphale en action. Cette vidéo, du 2 septembre 1961, apporte un grand nombre d’indications sur l’histoire même de la voiture. La 2CV est équipée du nouveau capot à cinq nervures. La vidéo se passe donc après le mois de décembre 1960 donc nous sommes bien en 1961. Sur les flancs de la voiture on peut lire : « service incendie du Var ». Il n’est pas encore question de la ville de Cogolin. La voiture arrive tout droit d’Ivry-sur-Seine, son premier numéro d’immatriculation de département est le 75 (à l’époque Ivry-Sur-Seine faisait partie du département de la Seine, 75).
Magnifique vidéo qui montre le système de blocage de direction que j’ignorais.
je l’ai vue rouler a st remi de Provence dans les années 70 ala fete du 15aout